Deux voyages qui se terminent

Avant, quand on me présentait un challenge commercial, j’avais tendance à devenir chonchon. Tout au long de ma carrière, j’ai travaillé pour pas mal d’entreprises qui étaient plus douer pour tendre le bâton que la carotte. Dans ces boîtes old school, la direction exigeait de nous que nous nous dépassions mais donnait très peu en échange. Et tout donner pendant un mois pour avoir droit en fin de compte à un pauvre panier garni, ça peut être un peu offensant. L’entreprise pour laquelle je travaille aujourd’hui semble cependant avoir être un peu mieux expérimentée en management. Du coup, lorsqu’elle organise un incentive, le prix est proportionnelle à l’effort fourni. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec joie que je découvre les nouveaux challenges, et je me donne à 200 %. L’année dernière, j’ai ainsi gagné un portable, des coffrets cadeaux, des places de ciné (pour un mini-challenge)… Si j’étais déjà comblé de ces avantages, il y a quelques semaines, j’ai néanmoins gagné la timbale : un voyage d’une semaine en Egypte ! Pourtant, au début, j’avoue que je n’étais pas très enthousiaste à cette idée. Quitte à choisir, j’aurais préféré effectuer ce voyage avec ma moitié. Parce que voyage avait lieu entre collègues, naturellement. L’idée de départ m’ennuyait assez. Voyager avec ses collègues, ce n’est pas à proprement parler du boulot, mais c’est quand même loin d’être des vacances. On ne se comporte pas au travail comme à la maison. Il y a un rôle à jouer, le rôle du gars qui s’amuse parce que c’est ce qu’il est supposé faire… tout en prenant quand même garde à son comportement, étant donné que les collègues sont là pour regarder. Du moins, c’est ce que je croyais avant de m’y rendre. Parce qu’une fois arrivé, je me suis surtout pris conscience qu’un voyage entre collègues, parfois, ça permet tout autant d’être naturel. Quoique d’un naturel assez différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai perdu quelques neurones lors de ce voyage, mais je dois dire que ça fait quand même du bien. Je craignais un peu que les activités prévues sur place soient une compilation d’activités faussement authentiques. Vous avez déjà certainement dû supporter un tel moment : vous vous retrouvez dans une activité où l »on a recréé artificiellement pour vous pour faire plus exotique. J’ai déjà eu l’occasion de vivre ce genre de moment durant certains voyages avec ma femme, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais la DRH a, là aussi, fait preuve d’intelligence : elle a fait appel à une agence spécialisée qui a tout organisé de bout en bout, et nous a concocté un voyage vraiment authentique. Si le programme s’est avéré vraiment chargé (nous sommes rentrés fatigués), ça a été un vrai plaisir : il ne s’agissait pas d’un séjour touristique (le colon venu s’encanailler chez les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et entre collègues. Je craignais surtout que les activités qu’on nous propose sur place soient navrantes. Vous savez, le genre d’activité qui semble avoir été conçue par un animateur BAFA incapable de comprendre qu’il s’adressait à des adultes. Ma société a fait d’une pierre deux coups, sur ce coup-là : elle a non seulement comblé les collaborateurs grâce à ce voyage, et a également permis à ces derniers de resserrer leurs liens. Depuis ce voyage, je me dis que je suis en définitive arrivé à destination. Il y a eu une période où je changeais constamment d’enseigne. Alors qu’aujourd’hui, je me surprends à ne même plus regarder dans le jardin du voisin. Et vous savez quoi ? Ca fait du bien, de défaire ses bagages.

admin4912